Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     FOU1          FOU2     
FEW III follis
FOU, subst. masc. et adj.
[T-L : fol3 ; GD : fol ; GDC : fol ; AND : fol1 ; DÉCT : fol3 ; FEW III, 688b : follis]

"Fou"

I. -

Subst. masc. : Tu es droiz hoirs de Bretaigne Brute et Gallesse. Or estes vous bien ruez jus et deboutez de la noble contree de Bretaigne. Certes, se vous le vous laissiez ainsi tollir par lascheté de vostre cuer, tout le monde vous escharvira, et dira on : Veez vous la le fol qui, par faintise de cuer, s'est laissié dechacier de si noble pays et region comme le royaume de Bretaigne. (ARRAS, c.1392-1393, 49).

 

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Faire que fou. "Agir en fou" : Gieffroy envoya devers les freres, en disant comment ilz venissent faire obeissance a Remond son pere. Et ceulx dirent au messaige : Pour Remond ne pour homme de par lui, ne feroient ilz rien, et qu'il n'y retournast plus, car il feroit que folz. (ARRAS, c.1392-1393, 198).

 

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Prov. : ...or se taist l'ystoire du roy Uriien et parle du gallaffre qui s'en va moult doulent par la mer, et jure ses dieux que se il puet arriver a sauvetté a Damas, que encore fera grant ennuy aux Chippriens. Et ainsi qu'il vaucroit par la marine et cuidoit bien estre eschappez du peril des mains des crestiens ; mais de ce que fol pense la plus grant part en demeure le plus de foiz ; car le grant maistre de Rodes estoit en aguet sur la mer, o tout ses gens et ses galees. (ARRAS, c.1392-1393, 139). L'ystoire dit que Glaudes s'esploicta moult fort pour yssir du cavain pour venir a temps a sauvetté ens ou fort de Sion. Mais de ce que fol pense remaint la plus grant part a la foiz. Il s'esploicta tant qu'il yssi du cavain, et vint au large. Lors n'y attendy ne per ne compaignon, mais s'en vint a course de cheval vers le fort. (ARRAS, c.1392-1393, 204). Et [les Sarrasins] avoient juré que ilz feroient le roy Uriien mourir en croix crucifié, et sa femme ardoir et ses enfans, mais, comme dit le saige : Fol pense et Dieu ordonne. (ARRAS, c.1392-1393, 213).

 

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[En apostrophe] (Pauvre) fou. "(Pauvre) fou" : Or saches bien de certain que jamais ne me partiray de ceste place jusques a tant que je [Geoffroy] t'auray osté [au géant] la vie du corps, et ayes pitié de toy, non pas de moy, car je te tien pour mort la ou tu es. Et presentement je te deffie de Dieu, mon Createur. Quant le jayant l'ouy, si ne s'en fait que rire et dist : Fol, se vient a la bataille, tu ne pourras endurer un de mes coups sans voler par terre. (ARRAS, c.1392-1393, 246). Je sui Gieffroy au grant dent, et sui filz Remon de Lusegnen, qui te viens callengier les patiz des gens de monseigneur mon pere. Quant Gardon l'entendy, si commence de rire, et lui a dit : Par ma foy, folz, pour la grant haultesse et le grant hardement que tu as en toy et en ton cuer, j'ay pitié de toy. (ARRAS, c.1392-1393, 246). Toutesfoiz ne vueil je autre chose que le corps de vous, car pour autre chose ne suiz je cy venuz. Et lors que la dame voit qu'il ne muera point son propos, si fu moult courroucee, et lui dist : Folz roy, or as tu failly a moy et a ton don, et t'es mis en adventure de demourer ceans a tousjours mais. Povre fol, n'es tu pas descendu de la lignie du roy Guion, qui fu filz Melusigne, ma seur, et je suis ta tante, et tu es si prez de mon lignaige, posé que je me voulzisse assentir a toy avoir, que l'eglise ne s'i vouldroit pas accorder. (ARRAS, c.1392-1393, 305).

II. -

Adj.

A. -

[D'une pers.] : Et vous savez que l'effort de deux chevaliers ne puet pas porter le faiz contre bien de LX. a IIIJxx mille Sarrasins ; et ce fu la cause qui nous destourna de y aler, et vous devez savoir que cellui est moult fol qui souffle contre le vent pour le cuider tarir ne surmonter. (ARRAS, c.1392-1393, 82). Heelas, tu [Fortune aveugle] m'en avoiez getté [de la punition que je méritais pour avoir tué mon seigneur] et mis en haulte auttorité par le sens et la valour de la meilleur des meilleurs, de la plus belle des belles, de la plus saige des saiges. Or le me fault perdre par toy, faulse borgne, traitre, envieuse. Bien est fol qui en tes dons s'affie. Or hès, or aimes, or fais, or despieces, il n'a en toy de seurté ne d'estableté ne qu'en un cochet a vent. (ARRAS, c.1392-1393, 243). Par ma foy, ma dame, je ne vueil or ne argent, terre ne heritaige, bonne ville, chastel ne cité, car, Dieu mercy, je suiz riches homs assez, et il me souffist. Mais je vueil avoir le corps de vous pour moillier. Et lors que la dame l'entendy parler, si fu moult courroucee, et lui respondy en hault : Par foy, sire, fol musart roy, a ce don avez vous failly. Demandez autre chose, car cestui ne aurez vous pas. (ARRAS, c.1392-1393, 305).

B. -

[D'une action] "Fou, insensé" : ...et [Geoffroy] s'en va vers Guerrande, ou lieu ou il pense plus tost trouver le jayant Gardon. Et en va par tout enquestant. Mais bien y ot qui l'en dist nouvelles ; et lui demanda l'en pour quoy il le demandoit. Par foy, dist Gieffroy, je lui apporte le patiz qu'il a prins par son fol oultraige sur les gens de la terre de monseigneur mon pere, en la pointe du fer de ma lance ; car, jamais, tant comme je vive, autre patiz n'en aura, et deusse mourir en la peine. (ARRAS, c.1392-1393, 240). Quant le conte appercoit son frere qui fu pres que tous forcenez, si yst de la sale, lui et ses gens, et monte a cheval et s'en va grant aleure vers la conté de Forest, forment doulent et repentant de sa folie [l. folle ?] entreprise, car bien scet que Remond ne l'aimera jamais ne ne le vouldra veoir. (ARRAS, c.1392-1393, 242). ...et perdra par ta fole emprise le IXe de ta lignie le royaume que tu tiens. Et portera cellui roy nom de beste mue. Et t'en va, car cy ne pues tu plus demourer. Quant le roy l'entendy, oncques pour ses paroles ne mua sa fole errour, mais la cuida prendre par force. Melior s'esvanoy de lui. (ARRAS, c.1392-1393, 306).

 

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Folle alliance. V. alliance

 

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Folle emprise. V. emprise

 

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Folle largesse. V. largesse
 

Arras Jocelyne Bernardoff / Jean-Loup Ringenbach


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